En République démocratique du Congo certaines voix se lèvent pour demander qu’une loi légalisant l’avortement soit votée car elles estiment que garder l’avortement illégal détruit la vie chez plusieurs femmes.
Défini comme une interruption prématurée de la grossesse, l’avortement peut être spontané ( appelé couramment fausse couche) ou volontaire lié à l’intervention des services spécialisés. La fausse couche est souvent dûe à une maladie ou peut-être sans cause connue.
Avant 2018, l’année de publication du protocole de Maputo par la RDC dans son journal officiel , l’avortement revêtait un caractère illégal qu’elle qu’en soient les raisons avancées . Dans son alinéa 2(c) de l’Article 14, le protocole de Maputo engage les États – parties à prendre toutes les mesures appropriées pour protéger » les droits reproductifs des femmes, particulièrement en autorisant l’avortement médicalisé, en cas d’agression sexuelle, de viol, d’inceste et lorsque la grossesse met en danger la vie de la mère. 5 ans plus tard, cette loi est toujours méconnue du grand public. Ce qui explique même sa non acceptation par beaucoup des congolais. Il demeure ainsi difficile pour plusieurs femmes d’ obtenir des services d’avortement auprès d’un prestataire de soins de santé. ‘’ Ils ont toujours des raisons, certains vous donnent même des vitamines à la place’’ témoigne sous le couvert de l’anonymat, une mère de famille à Goma qui voulait avorter de son troisième enfant suite à la conjoncture financière difficile de son foyer. En accord avec son mari, ils ont contacté un médecin pour procéder à l’avortement. Elle affirme que le médecin avait accepté de l’avorter, il a accepté l’argent mais au lieu d’un curetage comme promis, il n’a rien fait et lui a donné des produits pour aider le col de l’utérus à bien maintenir la grossesse.
‘’ A cause des refus des médecins, de la famille est des proches, j’ai utilisé les services d’un médecin qui s’est avéré être un charlatan et j’en subi les conséquences jusqu’à ce jour. ‘’ confie en larmes Sandra Lukoki, une femme divorcée vivant à Kinshasa.
Cette jeune femme de 30 ans avoue avoir avorté quand elle avait 17 ans. ‘’ j’étais jeune, et je n’avais pas d’information sur les conséquence d’un avortement clandestin ni des méthodes contraceptives. Je suis tombé enceinte de mon copain de l’époque qui avait pratiquement mon âge. Nous avions une éducation stricte, je ne pouvais pas m’imaginer avoir un enfant à la maison.’’ Cette jeune femme raconte en avoir parlé avec une grande-sœur du quartier qui lui a conseillé d’avorter après que sa mère lui ait demandé de gérer son problème. Elles sont allées chercher un monsieur du quartier que tout le monde appelait ‘’docta’’. La dame lui a rassuré que c’était le meilleur dans le domaine. Elles ont vu docta qui a demandé de l’argent en avance, elle a utilisé ses économies. ‘’ je me rappelle que mon copain ne voulait pas que j’avorte. Mais ils étaient pauvres, je ne m’imaginais pas aller vivre chez eux.’’ En effet, dans la pratique en RDC, quand une jeune femme tombe enceinte, sa famille lui demande de montrer l’auteur de la grossesse et les parents vont déposer cette dernière dans la famille du garçon souvent avec disputes et bagarres. C’est cette situation que voulait éviter Sandra en acceptant de se faire avorter. Après avoir payé, Docta lui a donné des comprimés à prendre. ‘’ ils étaient mauves et dégoutants. Il en avait à boire, d’autres à faire passer par voie vaginal’’ se souvient-elle. Elle devait les prendre pendant une semaine avant de revoir le fameux médecin. 4 jours après, elle n’en pouvait plus. ‘’au deuxième jour de la cure, j’avais de sang qui ont commencé à sortir, j’étais rassuré de voir que j’évacuais le fœtus. Mais au fil du temps, je voyais des déchets qui devenaient de plus en plus verdâtres. J’avais de plus en plus mal.’’ Se souvient Sandra. Un moment ça n’allait plus et elle s’est retrouvée à l’hôpital ou elle avait passé trois. Les médecins ne lui avaient pas dit. Elle a découvert son problème après son mariage.
‘’ Madame, malheureusement, il faut un miracle pour que vous tombiez encore enceinte car vous n’avez pas des trompes’’ lui a dit un médecin quand elle est allée en consultation car elle ne tombait pas enceinte trois ans après son mariage. Elle a informé son mari de la situation en lui relatant son histoire mais malheureusement ce dernier n’a plus voulu d’elle et ils ont divorcés. ‘’Si cette femme était prise en charge correctement, le pire aurait été évité’’ regrette Thérèse Lusamba, militante des droits de femmes de la ville de Goma.
Des avortements en cascade !
Les activistes des droits des femmes estiment que le fait que l’avortement ne soit pas légalisé au pays met en danger la vie des plusieurs femmes. Pour Docteur Jules Mulimbi, Des milliers des jeunes femmes et filles meurent à causes des avortements clandestins pratiqués dans des conditions inacceptables. On estime aujourd’hui a près de 38.000 femmes qui ont été traitées pour des complications liées à l’avortement provoqué et le nombre de celles qui n’atteignent pas des formations sanitaires n’est pas connu. Des femmes continuent à mourir ou subissent des conséquences de ces avortements clandestins.
‘’L’avortement médicalisé est légale dans notre pays’’ explique Nathalie Yoka, du mouvement rien sans les femmes. Il est important selon ce mouvement d’avoir une loi nationale sur certains articles du protocole de Maputo. Car le protocole est un document d’orientation qui permet aux différents pays de voir ce qu’ils peuvent prendre. Pour cette activiste, la question de l’avortement doit être légiférer tout en tenant compte des us et coutumes congolaises.
‘’L’avortement est un crime, il faut maintenant réfléchir sur comment faire pour démontrer à la population que cela doit être pratiqué pour le bien d’une quelconque femme ?’’ se demande-t-elle
C’est à cette question que viendra répondre la loi nationale sur l’avortement. Elle aura pour objectif d’aider à comprendre le type d’avortement qui sera pris en compte et dans quelles circonstances.
Accepter l’avortement va à l’encontre de la bible
Malgré les plaidoyers pour la légalisation de l’avortement en république démocratique du Congo, beaucoup de congolais n’acceptent pas l’avortement car il ne reflète pas le point de vue de la plupart des églises qui estiment que c’est un péché. Pour elles, avorter va à l’encontre des prescrits bibliques.
L’église catholique dont appartiennent 40 pourcent de la population congolaise est contre l’avortement pour la sauvegarde de la vie humaine. Pour l’abbé François Madinda, vicaire à la paroisse cathédrale notre dame du Congo à Kinshasa, » le 5e commandement dit : « Tu ne commettras pas de meurtre » (Ex: 20,13). Avorter est un homicide volontaire pour la maman et pour le médecin. L’avortement est le non-respect de la dignité humaine et le non-respect de l’âme d’autrui.’’ Pour ce prêtre catholique, même en cas de viol ; Il n’est pas non plus autorisé de tuer. ‘’En cas de viol, Il faut un accompagnement psychologique de la victime pour l’aider à surmonter cette situation. L’enfant est innocent, donc il ne faut pas le tuer pour autant.’’ Explique-t-il. A lui d’ajouter que la vie est faite des rires et de pleurs. Tous cela vont ensemble et constituent l’histoire de l’être humain. La femme n’a pas voulu mais c’est arrivé. Nous voyons aussi la volonté de Dieu dans notre vie sans vouloir nous détruire mais apporte la grandeur de son action dans notre vie. L’enfant doit rester une Bénédiction pour la famille quel que soit le chemin par lequel il entre dans notre vie.
Concernant des cas des grossesses à risque, ce prélat explique que ‘’la vie et importante, que celle de la mère ou du fœtus.’’ Pour lui, la science doit tout faire pour sauvegarder la vie humaine. ‘’Une situation limite peut arriver que l’une ou l’autre meurt. Mais que cela ne soit pas une décision délibérée en avance du médecin et ou du conjoint ou encore de la famille. Car même dans l’état de fœtus la vie humaine est déjà là et est sacrée. ’’conclut-il. Le point de vue de l’église catholique est partagé par l’église Arche de l’alliance de Goma et d’autres églises de réveil du pays. Pasteure Rosette Kavira, pense que l’avortement ne doit pas être légalisé car il va à l’encontre de la bible, de la morale humaine. Elle estime que cet acte est un péché. ‘’Du point de vue biblique car Dieu dit tu ne tueras pas. ‘’Et du point de vue humain c’est la suppression d’une personne qui devait avoir une destinée comme expliqué dans Jérémie 1:4-5.’’ Et du point de vue morale, la personne qui fait l’avortement elle-même n’aura jamais la paix dans son cœur à cause de la culpabilité de cette vie qu’elle a supprimé même si elle fait semblant.’’
En outre, un scientifique pense que la RDC est un grand pays mais démographiquement faible, avec une population estimée à 100millions. Pour lui, ‘’Légaliser l’avortement sera une action de réduire davantage notre population qui déjà n’est pas nombreuse.’’
En tant que médecin, nous appliquons le protocole de maputo, c’est une exception !!!! Et nous justifions toujours dans les fiches où dossiers des malades pour n’est pas tombé dans le filet de la justice !!!
Pour un député national élu de Kinshasa, Mais jusqu’à présent, la RDC n’autorise pas officiellement l’avortement malgré sa ratification du protocole de Maputo. ‘’ il faut que les députés soumettent une proposition de loi qui doit être adoptée à la plénière, pour que la RDC applique officiellement l’avortement. Mais je ne vois pas notre parlement adopter une telle loi que je juge inopportune’’ il conseil aux parents de bien éduquer leurs enfants pour qu’ils se préservent et ne tombe pas enceinte ‘’bêtement’’.
Selon une étude, La RDC a des taux extrêmement élevés de grossesses non planifiées à cause d’une part, de la faible utilisation des méthodes modernes de planification familiale et d’autre part du taux élevé d’agressions sexuelles, qui mènent souvent à l’avortement. 61% des grossesses à Kinshasa en 2016 étaient non désirées et 43% ont abouti à un avortement, près de 147000. Beaucoup de femmes ont recours à des méthodes dangereuses et mauvaises au plan médical pour interrompre leur grossesse, d’où l’importance d’une loi nationale estime-t-on.
Rappelons que le baromètre 2022 de la SADC sur la santé sexuelle et reproductive au point 4 sur l’avortement sécurisé recommande aux états membres de prêter attention aux experts de l’OMS qui plaident pour la dépénalisation de l’avortement et en examiner les raisons.
Aussi pour sauver des vies, les états membres devraient fournir des soins post-avortement à toutes les femmes concernées.
Evelyne Luyelo
Chaque femme a droit de décider sur corps et s’en approprier. C’est un droit non négligeable à mon avis.
Deuxièmement la RDC est un pays laïc qui a adhéré à la charte universelle des droits de l’homme et tenu à respecter scrupuleusement et à lettre chaque article de ce dernier.
Les us , coutumes et traditions ont été construit pour le renforcement du pouvoir et privilèges des hommes conduisant à une domination sur les femmes en violation même de notre propre constitution qui prône l’égalité entre tous les congolais. Et puis qui peut me montrer le Livre où ces traditions sont répertoriés ou écrites ? Chacun les formulent et les interprètes en sa guise selon que ça l’arrange. Les traditions qui violent les droits de la personne doivent être interdites.
Quant à moi je pense la femme a droit de décider de ce qu’elle fait de don’t corps, sa sexualité et reproduction sans que personne ne la dicte sa volonté. D’après tout chacun à son corps à gérer . L’état congolais doit travailler dans la promotion des droits de la personne et particulièrement ceux des femmes. Comme cet article nous le relates les femmes payent le prix de la loi criminalisant l’avortément. Donc l’état congolais perd chaque ses citoyens à cause de cette loi.
La question des dégâts et conséquences tragiques causées par les avortements clandestins ne se limitent pas à la promulgation d’une loi statuant sur la question mais il est surtout primordial de mettre l’accent sur le rôle dévastateur que joue le personnel soignant non qualifié dans l’accomplissement des ces avortements.
Une fois promulguée, la loi légalisant l’avortement ne changera pas miraculeusement la vétusté et la carence d’équipements médicaux adéquats dans les multiples centres de santé que comprends le pays.
Promulguer une loi est une chose, l’appliquer correctement est une autre..
Il faudrait aussi penser à trouver des solutions aux différentes causes des avortements pour mieux arriver à des solutions aux conséquences. Celà rendra moins difficile l’application d’une éventuelle loi en la matière..
Il faut vraiment penser à trouver des pistes des solutions sur les differentes causes de l’avortement
mieux que les causes profondes de l’avortement trouvent des solutions