Par Evelyne M LUYELO
Le bureau de réception des candidatures de la commission nationale électorale de la RDC a enregistré 25 candidatures à la présidence et 23 653 candidatures pour les 500 sièges à la députation nationale. Ceci revient à dire qu’après la proclamation des résultats, s’il n’y a pas d’alliance nous aurons 24 candidats malheureux à la présidentielle et 23 153 pour la députation nationale. Certains iront surement a la cour constitutionnelle se plaindre et ainsi des proces de gestion de contentieux et nous pouvons facilement imaginer le conflit que la situation pourrait engendrer.
Les candidats viennent de tous bords. Jeunes et vieux, Pasteurs, commerçants, étudiants, élèves. Fortunes, démunis, chômeurs et les disciples de ‘’chance eloko pamba’’. Tout le monde ou presque veut devenir député national ou souhaite en avoir dans sa famille la plus proche.
Vu le nombre des candidats, on vient à se demander pourquoi cette affluence a la politique en République democratique du Congo ? Est-ce par amour de servir le pays ou la vraie raison est ailleurs?
Pour le lucre et l’influence
La plupart des personnes interrogées sont d’avis que cet afflux est motivée par les avantages que procurent la fonction de député en RDC. ‘’ Les élus reçoivent de la part du gouvernement des Jeep 4×4. Leurs suppléants sont la plupart de leurs femmes ou membres de famille’’ explique un journaliste de Kinshasa. ‘’donc tout le monde veut devenir honorable pour les multiples avantages que procure cette position.’’ souligne t-il.
Un candidat député de la ville de Goma affirme être attiré par les salaires et les immunités. ‘’ Je connaissais un jeune de mon quartier qui n’est presque pas allé à l’école, il est devenu député et quelques temps après, il est devenu riche, roule carrosse et donne de l’argent aux membres de sa famille qui sont sortis directement de l’ombre. Il est devenu un exemple de réussite. Moi, avec mes diplômes, je suis sûr que je ferai mieux que lui’’ rassure le candidat.
‘’ les riches qui postulent pour la plupart veulent protéger leurs bien qu’ils ont gagné honnêtement ou pas. Ils savent que devenir depute, et synonyme de devenir intouchable ’’ explique Mardochee Mukuna, un jeune de la ville de Kinshasa.
‘’ Il y a beaucoup d’aventurier qui ont postulent, explique Joel Banda, un habitant de la commune de Bandalungwa a Kinshasa, dans mon quartier, une femme finance la candidature de son fils qui est 6 ieme de humanites. Elle est sa suppléante avec un autre membre de leur famille. Pensez-vous vraiment que ceux-là vont pour servir le pays?’’
‘’ Depuis que je suis jeune, je vois comment l’exploitation de pétrole est faite dans ma ville de Moanda, je postule pour que, une fois élus, que je me batte pour que nous jeune, originaire de la ville côtière bénéficions des fruits de cette exploitation.’’ confie un candidat depute nationale de Moanda dans le kongo-central.
‘’Je m’imagine avoir 21 000 dollars chaque mois, aider mes proches et mes électeurs et construire ma maison de rêve. M’habiller comme une star’’ avoue les yeux fermés un candidat de la commune de Lemba à Kinshasa.
Cette affluence peut se résumer en trois choses selon Alain Mambu, un immigrant Congolais en France, Gain facile, Immunité et influence.
Les mêmes motifs peuvent être évoqués pour la présidence. Un notable de Goma explique que le titre de président confère des avantages illimités. On parle par exemple des avantages de la famille présidentielle gérée par la maison civile dont personne ne connaît la hauteur des affectations en argent. Il est relevé que la nomination aux postes clés du gouvernement, des entreprises publiques, des services publics, de l’armée, la police et autres relève de la compétence discrétionnaire du chef de l’État. D’où tout le monde espère détenir ce pouvoir.
Quelles pistes de Solution
Pour résoudre ce problème complexe, les personnes interrogées viennent avec différentes solutions mais sans trop espérer car certains croient qu’il faut changer tout le système étant donné que le problème est un cercle vicieux.
Pour un professeur de UPN ‘’ Il est crucial de mettre en place des réformes profondes dans les institutions gouvernementales et judiciaires. Cela implique non seulement d’enquêter et de punir les politiciens corrompus, mais aussi de renforcer les mécanismes de contrôle et de surveillance pour prévenir la corruption à l’origine.’’
‘’Si l’on supprime les avantages liés au poste, personne ne voudra devenir élu.’’suggère Nathalie Mukeba, une mère de famille.
‘’Pour éviter cela il faudrait que le Président de la République puisse premièrement baisser son salaire et celui des députés nationaux, car les gens qui travaillent pour le pays doivent se sacrifier comme font les militaires, les policiers et les enseignants’’ suggère t-on.
‘’ Il faut réhabiliter et entretenir les routes des desserts agricoles et remettre la sécurité partout pour permettre la motivation de cultiver avec espoir de récolter en Paix et pouvoir écouler sa marchandise.’’ pour Eliya Mugisho, un jeune de Goma. ‘’ Avec les routes et la paix, personne ne voudra aller travailler et habiter dans la chaleur de Kinshasa’’ rassure -t-il.
D’autres personnes ont suggéré que l’on durcit les conditions d’accès aux hautes fonctions de l’État (Magistrature Suprême, Législatives, etc..) afin de pouvoir décourager toute forme d’opportunisme et de suivisme inadaptés..
Cependant, il est important de noter que tous les candidats ne sont pas tous animés par des motivations égoïstes. Certains aspirants politiques sont réellement engagés dans le service public et ont à cœur le bien-être de leur nation. Il revient aux électeurs de faire preuve de discernement et de choisir des représentants qui sont sincèrement dévoués à servir l’intérêt général et à promouvoir le progrès du pays. Conseille un travailleur social de Goma.
Rappelons que la RDC est l’un des rares pays a enregistrer un nombre élevé des candidats a la deputation ainsi que a la presidence. Lors des premières élections en 2006, 9500 candidatures pour la députations nationale ainsi que 33 candidats présidents. En 2011, 11 candidats présidents et 19 000 candidats à la députation nationale. Le même scénario en 2018 avec 19 640 candidats députés et 21 à la présidence de la république.