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Cobalt en pause, la RDC en éveil:Le Cri d’un Pays pour sa souveraineté. (Exclusivité avec Mahaman Laouan Gaya du Niger)

Posted on 31 août 2025

Invité : M. Mahaman Laouan Gaya, Expert International en Énergie & Pétrole, Ancien Ministre de la République du Niger
Propos recueillis par Mme Flore Kayala

La suspension de l’exportation du cobalt brut par l’ARECOMS a marqué un tournant dans la gestion des ressources minières en RDC. Alors que le pays attend la levée de la mesure annoncée pour le 21 septembre, les regards se tournent vers les enjeux de souveraineté et de transformation locale. ‘C’est plus qu’un signal, c’est un cri de réveil’, estime notre invité, qui voit dans cette décision une révolte capable d’initier une révolution.

Mme Flore Kayala : Monsieur Gaya, l’ARECOMS a de prolongé au Mois de Juin dernier, de trois mois supplémentaires la suspension des exportations de cobalt. Officiellement, il s’agit de réguler l’offre pour enrayer la chute des prix. En tant qu’Expert africain sur les ressources extractives, quelle est votre lecture de cette décision ?


M. Mahaman Laouan Gaya : J’estime que c’est un acte de rupture, et même de résistance. Le 21 juin dernier, quand l’ARECOMS a annoncé cette prolongation, ce n’était pas seulement un ajustement technique, pour moi, c’était un signal au monde entier : la République Démocratique du Congo, qui détient près de 70% de la production mondiale de cobalt, ne peut plus continuer à jouer le rôle du simple fournisseur docile de ses minerais bruts. Alors derrière cette justification technique pourrait se cacher une ambition beaucoup plus vaste : cette suspension, qui dure déjà depuis février 2025, semble prendre la tournure d’un bras de fer entre Kinshasa et les puissances industrielles. En effet, sans le cobalt congolais, la transition énergétique mondiale vacille, car les batteries des voitures électriques, les smartphones et les réseaux de stockage d’énergie verte (énergies photovoltaïque et éolienne) ont besoin de ce métal bleu comme le sang irrigue le corps humain. Et pour la première fois depuis des décennies, les autorités congolaises osent fermer le robinet ; un geste, modeste en apparence, mais qui est en réalité un acte de résistance, voire de fermeté à l’endroit du capital extractif international.

Mme Flore Kayala : Vous comparez cette décision à un acte de résistance. Est-ce une première en Afrique ?


M. Mahaman Laouan Gaya : Il y a eu bien sûr des analogies qui sont évidentes. Rappelez-vous, dans les années 70, les pays arabes producteurs de pétrole (dont des africains) ont utilisé leur ressource comme une arme de souveraineté, forçant les grandes puissances à les respecter. Dès son arrivée au pouvoir en 1969, Mouammar Kadhafi de Libye impose une renégociation brutale des contrats pétroliers et nationalise l’industrie pétrolière, en 1971, le Président Houari Boumediene annonce la nationalisation des hydrocarbures en Algérie. Depuis Juillet 2023, le Niger a décidé souverainement et patriotiquement d’arrêter la ‘’coopération‘’ minière avec la France et suspendre l’exportation de son uranium vers ce pays. Mieux, les sociétés d’exploitation d’uranium et celle de l’or viennent d’être nationalisées. Cette même dynamique souverainiste qui prévaut actuellement dans les États de la Confédération de l’Alliance des Etats du Sahel (AES regroupant le Burkina-Faso, le Mali et le Niger). Aujourd’hui, la RDC fait presque la même chose avec le cobalt. En restreignant l’offre, Kinshasa semble dire au monde : ‘’Vous n’aurez plus éternellement nos richesses à vil prix‘’. C’est un message clair, une révolte contre un ordre néocolonial et impérialiste qui dure depuis plus d’un siècle. Car soyons honnêtes : le cobalt du Katanga a enrichi Pékin, Paris, Washington et Wall-Street, pendant que le peuple congolais reste prisonnier de la pauvreté et croupit dans la misère. Ça ne peut plus continuer ! Certes, la nationalisation seule ne suffit pas. Elle doit être accompagnée de promotion du Contenu local, d’industrialisation locale, d’un contrôle technologique et d’une stratégie nationale et panafricaine (Vision Minière Africaine). Mais elle doit rester un acte symbolique puissant qui redonne la dignité et une marge de manœuvre politique.

Mme Flore Kayala : Mais cette stratégie n’est-elle pas risquée ? Certains parlent déjà d’«autogoal» pour la RDC, avec des pertes de devises.


M. Mahaman Laouan Gaya : C’est vrai, il y a des limites. Les raffineries sont en Chine, les capitaux en Occident, et les technologies en Asie. Les grandes puissances disposent aussi de stocks stratégiques pour amortir le choc. Et la demande mondiale ralentit avec la surcapacité de la filière des batteries, surtout en Chine. Enfin, cette suspension prive la RDC de devises précieuses à court terme. Mais la souveraineté a toujours un prix, et c’est le pari congolais : accepter la douleur immédiate pour construire la liberté future. Je disais tantôt que le Niger a décidé librement de suspendre l’exportation de son uranium vers la France. Certes, c’est un manque de devises pour nous, mais nous savions que derrière ce geste se joue une bataille stratégique : l’énergie nucléaire française dépend en bonne partie de notre uranium. Savez-vous qu’une ampoule sur trois en France est alimentée avec l’énergie nucléaire, et ce combustible vient pour l’essentiel du Niger, pendant que plus 70% de notre population est privée d’électricité et le commerce de l’uranium représente à peine 5% des recettes budgétaires du Niger ! Voilà l’absurdité du système impérialiste : éclairer Paris en plongeant Niamey dans les doubles ténèbres des finances et de l’électricité. Pour votre part, vous devez assumer ce sacrifice, comme un acte patriotique, et c’est là précisément le prix de la souveraineté : accepter la douleur immédiate pour construire la liberté future, pour nous, mais plus pour les générations à venir.

Mme Flore Kayala : Selon vous, ce geste peut être considéré comme une véritable révolution économique ?


M. Mahaman Laouan Gaya : En effet, à la lecture de cette situation, se dessinent trois (3) piliers indispensables pour transformer cette ‘’révolte ‘’ en ‘’révolution‘’ : 1 – Industrialisation locale : le cobalt congolais ne doit plus sortir brut du sous-sol et être convoyé à l’extérieur. Il doit être raffiné, transformé et valorisé en RDC. Produire des précurseurs de cathodes, demain des batteries entières ‘’Made in DR Congo‘’ ; les occidentaux qui ont besoin de ces produits finis, feront désormais le déplacement de Kinshasa pour l’acheter : voilà la véritable indépendance. 2 – Alliance panafricaine : la RDC doit tendre la main à la Zambie, au Zimbabwe, à Madagascar, à la Namibie – et à tout pays producteur africain de métaux stratégiques – pour bâtir un Cartel Africain de Métaux Stratégiques (CAMS). Ensemble, nous pourrions fixer des quotas, imposer des prix planchers et dicter les conditions de transformation locale. 3 – Vision Minière Africaine : adoptée par l’Union Africaine en 2009, elle ne doit plus dormir dans les tiroirs. Elle doit devenir une boussole de combat : transformer nos ressources en moteur de développement industriel et d’intégration régionale. Mais à tous ces sujets ci-dessus évoqués, soyons clairs : l’Empire ne se laissera pas dépouiller sans réagir.

Mme Flore Kayala : Vous parlez d’«Empire» qui ne se laisserait pas faire. Qu’entendez-vous par là ?


M. Mahaman Laouan Gaya : L’Empire – ce sont les lobbies des grandes puissances qui dominent la finance, l’énergie, l’industrie, le numérique et la technologie – qui ne renonceront pas facilement à leurs privilèges. Pressions diplomatiques, sanctions économiques, déstabilisations politiques, campagnes de désinformation : tous les moyens seront utilisés pour briser cette rébellion minière. Mais souvenez-vous : chaque conquête de souveraineté s’arrache par la lutte. Comme le pétrole arabe en 1973, le cobalt africain peut obliger le Nord et l’Est à traiter l’Afrique d’égal à égal, à condition que Kinshasa tienne bon et que les autres frères africains ne pactisent pas (malheureusement comme c’est souvent le cas) avec l’ennemi.

Mme Flore Kayala : En conclusion, comment résumeriez-vous l’enjeu de cette suspension des exportations ?


M. Mahaman Laouan Gaya : La suspension des exportations par l’ARECOMS est plus qu’une mesure technique ; c’est un acte de volonté politique de haute portée, une proclamation silencieuse mais puissante : l’Afrique refuse de continuer à être pillée. Le cobalt peut rester une malédiction éternelle ou devenir une arme de libération nationale et panafricaine. La véritable question n’est pas : ‘’Est-ce que cette suspension fera remonter les prix ? ‘’, mais plutôt : ‘’La RDC est-elle prête à affronter l’Empire, à briser ses chaînes économiques, et à imposer son cobalt comme l’outil d’une renaissance africaine ? ‘’ La réponse à cette question doit être un rugissement. Les congolais doivent être très jaloux de leurs ressources naturelles extractives ; elles doivent être leur levier de souveraineté nationale. C’est ce que nous autres panafricanistes attendons de vous !

Oisillons infos, Août 2025.

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