
Réunis à Kinshasa du 15 au 17 octobre 2025, des acteurs de la société civile, experts et parties prenantes ont réfléchi, avec l’appui de la GIZ, sur les enjeux de la gouvernance minière dans un contexte de conflits récurrents en RDC. De ces échanges sont issues dix propositions fortes visant à renforcer la transparence, la paix et le développement économique autour des ressources naturelles.
Sous l’appui financier de la GIZ, le comité de crise pour la paix et la sécurité en RDC, a, pendant trois jours du 15 au 17 Octobre 2025 , offert un espace d’échanges et de réflexions apolitiques sur les enjeux économiques des accords signés à Washington et des principes de négociation de droit afin de contribuer à la consolidation de la paix en RDC. De ces échanges, ont découlé dix propositions regroupées en cinq à savoir la gouvernance minière institutionnelle avec une recommandation phare sur la vision minière de la RDC à l’horizon 2050, Une meilleure applicabilité des lois ;
Le suivi citoyen de différents accords. La gouvernance territoriale et la cohésion sociale ici il s’agit d’un recensement national en vue du renforcement de la planification et la représentativité, de la diplomatie communautaire, de la participation inclusive avec une prise en compte des populations marginalisées et des minorités. La gestion des ressources naturelles où la cogestion des ressources naturelles avec les communautés s’avère indispensable pour garantir la transparence et la souveraineté.
La stabilisation post-conflits avec une idée de réintégration des ex-combattants mais une mise en œuvre préalable des programmes socio-économiques pour favoriser leur retour à la vie civile. Pour le développement économique et l’inclusion financière il faudra faciliter l’accès au financement, faciliter les crédits et alléger la fiscalité pour les jeunes entrepreneurs. Au mieux, créer les institutions financières adaptées pour stabiliser des flux et soutenir l’économie locale.

Me Patient BASHOMBE Représentant du CCPS-RDC dans son discours d’ouverture a exhorté ses pairs à démontrer qu’il est possible de construire ensemble la vision d’un Congo stable, prospère et maitre de son destin. « La question minière de la RDC est une question de souveraineté, de dignité et de survie nationale » A-t-il dit.
Monsieur Olaf HANDLOEGTEN, Directeur régional a rappelé les différentes réalisations de la GIZ qui constituent des avancées très significatives dans le secteur minier de la RDC et s’est réjoui de la présence et implication de différents services de l’Etat à ce forum pour lequel il a réitéré l’accompagnement tout en rappelant que la GIZ a toujours soutenu des plateformes de dialogues de ce genre en République Démocratique du Congo.
Pour sa part, Monsieur Franck FWAMBA chargé des missions au Ministère des Mines et venu représenter le Ministre des Mines à ces assises a indiqué qu’il a été instruit à son Ministre , sous la coordination de la première Ministre Judith Suminwa, de créer une tripartite de développement qui est une coordination entre le Ministère des Mines, les entreprises minières, les investisseurs et la société civile. D’après ses dires, le Président de la République veut d’un secteur minier où toutes les parties prenantes travaillent en acteurs. « Le Ministère des Mines encourage tout le monde à soutenir les efforts diplomatiques de paix pour un secteur des mines transparent et catalyseur de développement » A martelé le Chargé des missions.
De son côté Mr Floribert Nzuluni représentant le Ministre des affaires étrangères a révélé que dans les zones où sévit la guerre, environ Cinq Millions Sept Cents Milles déplacés vivent dans des conditions déplorables. Le diplomate s’est dit convaincu que dans les échanges entre africains lors de grandes rencontres sur les projets intégrateurs, les armes seront jetées au profit des biens de production et de consommation.
A son tour Irgo Herbent, Ambassadeur de la République Fédérale d’Allemagne en RDC a salué les Etats-Unis et l’Union Européenne qui ne cessent de ménager aucun effort pour trouver, ensemble avec les acteurs de la région, les causes profondes des conflits. « Mesdames et Messieurs, l’Allemagne réitère tout son soutien politique, diplomatique et technique à votre Pays et se réjouit de votre engagement constant dans cette coopération » A dit l’Ambassadeur. Irgo Herbent a annoncé que les discussions intergouvernementales RDC-Allemagne sont prévues en Décembre prochain et à l’occasion de ces échanges, la coopération Allemande va organiser un forum économique avec le secteur public de la RDC pour offrir une plateforme d’échanges entre entreprises Congolaises et allemandes afin d’explorer les pistes de collaborations économiques et un progrès social sera scellé.

Ouvrant les assises, la Vice-Ministre de l’intérieur a exprimé sa gratitude au comité de crise pour la paix et la sécurité en RDC, au mécanisme gouvernemental de sécurité ainsi qu’à l’ensemble des Ministères et institutions partenaires notamment le Ministère des Mines, le Ministères des affaires étrangères et le Ministère de la Communication pour la coordination de cette grande rencontre nationale avec l’appui technique et financier de la Coopération allemande via la GIZ.
« La RDC engagée dans une diplomatie de paix et de bon voisinage a récemment franchi des étapes décisives dans la consolidation de la stabilité régionale. C’est dans ce cadre que s’inscrit l’accord de Washington signé entre la RDC et la République du Rwanda sous l’égide du gouvernement des USA. Cet accord historique consacre la volonté commune de deux Pays de restaurer la confiance, de coopérer en matière de sécurité frontalière et de favoriser les initiatives conjointes de développement économique et minier au bénéfice des populations respectives. De même le processus de Doha ayant conduit à l’accord de principe signé entre le gouvernement de la RDC et le mouvement M23/AFC sous la médiation bienveillante de l’Etat du Qatar traduit la volonté du gouvernement Congolais de privilégier la voie du dialogue, de la réconciliation et du règlement pacifique des différends. Certains accords constituent des avancées diplomatiques majeures qui viennent consolider la dynamique régionale de Paix ouvrant la voie à une coopération économique responsable à la relance du développement intégré dans les zones des conflits. » A déclaré la Vice-Ministre
A en croire les propos de l’adjointe de la sécurité intérieure de la RDC les conclusions du forum national sur les enjeux socio-économiques et miniers des accords de paix en RDC et dans la région des grands lacs vont permettre d’élaborer une stratégie nationale cohérente capable d’attirer des investisseurs porteurs de paix et de développement socio-économiques durables au profit des communautés locales.
Les échanges ont tourné autour de 6 panels d’abord la lecture technique de l’accord de paix de washington et la déclaration des principes de Doha et perspectives d’appropriation ensuite les experts de la société civile ont donné leurs points de vue sur les accords de paix et leur implication dans la gouvernance minière. Les questions de l’intégration régionale, assainissement du climat des affaires et création des chaines de valeurs locales dans le secteur minier en RDC et l’inclusion et participation des communautés locales dans le processus dans les accords de paix ont constitué tour à tour les troisième et quatrième panels. En fin la place de la justice transitionnelle dans la mise en œuvre des accords de paix et la promotion de la justice environnementale ont bouclé les discussions pour ouvrir la voie aux travaux en commissions.
Rappelons que cet espace de rencontre de différents acteurs du secteur des ressources naturelles de la RDC notamment ceux du secteur minier de la République Démocratique du Congo (RDC) est né du constat que la RDC, Pays riche en ressources naturelles est continuellement victime des pillages dans sa partie Est.

Ces guerres, portées par des groupes armés locaux et étrangers, ont provoqué l’amenuisement du pouvoir de l’Etat dans cette partie du pays, ainsi que de graves violations des droits humains. De cet état de fait, le Gouvernement de la RDC et ses partenaires multilatéraux avaient engagés plusieurs initiatives au niveau national, régional et international, qui avaient abouti à la signature de plusieurs accords, à l’instar de l’accord-cadre d’Addis-Abeba en Février 2013, des initiatives de traçabilité et de diligence dans le secteur minier, notamment avec la CIRGL en vue de diminuer sensiblement le trafic illicite des minerais dans l’alimentation de la guerre à l’Est du , des résolutions prises au niveau des organisations régionales et internationales, notamment l’EAC, la SADC, l’Union Africaine, l’Union Européenne, les Nations Unies – avec la Résolution 2773.
Force est de constater qu’en dépit de la mise en œuvre de toutes ces initiatives, les impacts positifs de retour à une paix véritable s’avèrent toujours lents.
Cependant la résurgence des combats dans l’l’Est de la RDC a exposé une nouvelle fois des millions de personnes à l’insécurité et à une crise humanitaire sans précédent. La prise de contrôle total par des groupes armés rebelles des villes de Bukavu et Goma en janvier dernier, a contribué à créer une chaîne illicite d’approvisionnement des minerais, transformant ces minerais en « minerais de conflit ». Plusieurs organisations de la société civile congolaise ont levé leur voix pour dénoncer cette occupation et son impact négatif sur l’exploitation des ressources minières, les conditions de vie des populations et l’économie locale de ces deux provinces, appelant au respect des différents engagements pris dans le cadre de l’initiative régionale de lutte contre l’exploitation minière illicite de la CIRGL et de la mise en œuvre du devoir de diligence de l’OCDE.
Les acteurs de la société civile congolaise sont allés même à revendiquer que tous les minerais de l’Est du pays soient frappés d’embargo de fait, car provenant de sites miniers qualifiés rouges. Suite à ces revendications, le Comité de Crise de la Société Civile pour la Paix et la Sécurité en RDC (CCPS-RDC) s’est proposé d’organiser, le « Dialogue national sur la gouvernance minière dans le contexte de conflits en RDC et dans la région des Grands Lacs ».
Ce dialogue est donc la suite de celui organisé en Avril dernier.
Flore KAYALA MUKALA
